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 drawn by smoke (TISHA)

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Guillaume Schneider
Guillaume Schneider

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MessageSujet: drawn by smoke (TISHA)   drawn by smoke (TISHA) EmptyLun 24 Avr - 21:37

drawn by smoke.
tisha & guillaume.

Tu erres, tu connais pas forcément le chemin que t'es en train de prendre. Tu cherches même pas à regarder autour de toi, t'es trop paumé dans tes pensées. C'toujours comme ça avec toi Guillaume. Tu penses rapidement à un truc, puis tu disparais de la réalité. Trop rêveur, on te l'a trop souvent répété. T'as fini par y croire. Dans ton crane, c'est la même chose depuis plusieurs jours. Tu penses à ta famille, tu penses à tes potes en Allemagne. Tu penses à tout ce que t'as laissé derrière, pour suivre un rêve qu'a fini par s'effriter entre tes doigts. Tu l'as pas vu venir. Trop occupé à l'idée de réussir ta fichue école. T'as même pas remarqué que la ville dans laquelle t'avais atterrit, c'était l'enfer sur terre. Même encore maintenant, il se dit que ça va aller mieux au fil de mois. Que l'état de Detroit, c'pas si mauvais que ça, que tout peut s'arranger avec un minimum d'effort. Qu'est-ce que tu peux être naïf Guillaume. Tu fais un beau flic tient. Tu tournes la tête, tu la bouges de gauche à droite avant de traverser la chaussée. Se faire renverser par une bagnole dans une ville dominée par les armes, ça serait bien drôle. Une fin amusante. Tu traverses rapidement. T'as les mains dans les poches de ta veste. T'es en service. T'es censé avoir un partenaire avec toi, mais avec les réductions budgétaires, faut plus se faire d'espoir. Tu bosses seul, et tu continueras à bosser seul. Ta main gauche, elle vient vérifier que ton epipen est bien là. Une fois. Deux fois. Tout va bien. Au loin, quelques mètres, y'a quelques personnes assises à boire, sur les marches d'un perron. Tu pourrais y aller, mais t'es seul. Tu veux faire respecter la loi, mais t'es pas complètement stupide non plus. Alors tu baisses la tête, et tu continues ta route. Sur le mur de brique sur ta droite, y'a plusieurs affiches qui font la promotion du maire. La plupart, elles sont arrachées ou tagguées. Tu fais pas gaffe. Puis y'a cette odeur qui te parvient jusqu'aux narines. Elle te révulse, mais elle t'attire aussi. C'est difficile à cerner. T'as du mal. Mais tu sais très bien ce que c'est. Alors tu te laisses guider par l'odeur. Gauche, puis droite, entre les petites ruelles. A quelques mètres, une gamine, la clope entre les lèvres. Tu soupires. T'en as marre. T'en as ras le cul de voir des gamins foutre leur santé et leur vie en l'air. T'en a assez de la mauvaise influence qu'a cette ville sur les gens. Tu crois en sa salvation. Mais pour l'instant, y'a que des emmerdes. Alors tu t'avances vers la fille. Tu gardes un visage amical. Comme toujours. T'auras beau essayer, t'arriveras pas à jouer au méchant Guillaume. Tu t'arrêtes à quelques centimètres d'elle. « Excusez-moi, mais vous allez devoir me donner cette cigarette. C'est illégal. » Tu fais pitié à voir. T'es tellement convaincant, c'est dingue. Puis c'pas avec ton accent inclassable que tu vas inspirer du respect.
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MessageSujet: Re: drawn by smoke (TISHA)   drawn by smoke (TISHA) EmptyJeu 27 Avr - 21:02

Quinze heures trente – la cloche hurle son habituel « Repooooooos ! » strident, auquel répond aussitôt l’assourdissant chambardement d’une jeunesse désœuvrée qui entend dans ce cri métallique une chimérique promesse de liberté. Y’a quelque chose d’épidermique, d’automatique même, dans cette manière collective de réagir à la sonnerie ; ça tient du rituel, ou d’une aliénation insoupçonnée – leur apprendre, à ces p’tits merdeux, à savourer leurs misérables p’tits bouts de libre-arbitre entre deux énormes plâtrées dégueulasses d’asservissement. Comme le clébard de Pavlov.
Certains élèves te saluent en passant, tandis qu’adossée à la porte du bureau du pion principal tu veilles à ce qu’ils débaroulent pas comme des sauvages, mais t’as à peine le cœur de leur répondre – des fois, l’école, l’éducation, tout ça, ça t’donne espoir, tu t’dis que ça donne aux jeunes le pouvoir de s’faire valoir autrement qu’au parloir ; et puis des fois tu peux pas t’empêcher d’penser qu’tout ça n’existe que pour incarner une illusion d’égalité des chances. Mais en général tu t’en bats les couilles – mais pas aujourd’hui.
Service terminé, pas un regard pour l’établissement qu’tu quittes avec un soulagement sans doute plus grand encore que celui des élèves ; t’enfonces les écouteurs d’ton portable dans tes oreilles, t’enfermant ainsi dans une bulle dont les parois vibrent au rythme d’un gros son d’Kaaris. Tu t’rappelles vaguement d’l’époque où ton frère et toi introduisiez les niggas du quartier au plus lourd du rap français, « Tout comme mes congénères, j’aime tout c’qui est éphémère », l’heureuse exubérance de ce temps te prend aussitôt aux tripes et tu t’renfrognes, rabattant brusquement la capuche sur ta touffe de cheveux, « Père et mère peuvent rien y faire, c’est l’Paradis ou l’Enfer, l’Paradis ou l’Enfer, l’Paradis ou l’Enfer »... T’erres comme ça pendant quelques heures que tu saurais pas dénombrer – comme souvent, t’es absorbée par ton mal-être existentiel qui t’recouvre et t’isole du monde pareil à l’étreinte maternelle, tu t’perds dans ses méandres pestilentiels et t’embourbes dans ses profondeurs cruelles... Tu t’engouffres dans une ruelle sans même calculer, naturellement guidée par l’intention d’rouler un joint, tournée vers le mur taggué de l’impasse qui ferme la ruelle. « Excusez-moi, mais vous allez devoir me donner cette cigarette. C'est illégal. » Tu sursautes vivement et, n’ayant pas exactement entendu c’qu’on t’a dit, tu t’te retournes en levant instinctivement le poing... et te retiens aussitôt, comme on pilerait sur la pédale de freinage pour pas embouter le gars devant. Excusez-m... devoir éteindre cette cigarette... illégal. Ta persistance auditive – phénomène miraculeux s’il en faut – te permet d’restituer l’idée. ... Merde. Tu fixes longuement le flic de tes deux yeux qui, dans l’obscurité de ta capuche, scintillent d’une lueur acide – pas foncièrement bienveillante. Il sourit, il a l’air jeune, t’en as jamais vu des comme ça, d’habitude ils ont le visage fermé, la mâchoire carrée, le regard lui-même paraît avoir oublié l’allégresse simple d’un sourire ; mais lui, penses-tu soudain comprendre, c’est un nouveau, un bleu. « Excusez-moi, mais depuis quand c’est illégal de fumer une cigarette ? », tu rétorques en soufflant une dense fumée à la gueule de l’agent. Aujourd’hui t’as pas la patience d’te faire emmerder, et des flicards, t’en as déjà caillassé dans ton adolescence, des costauds, armés jusqu’aux crocs... et lui là, il croit impressionner qui au juste avec son sourire de caissière ?
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Guillaume Schneider
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MessageSujet: Re: drawn by smoke (TISHA)   drawn by smoke (TISHA) EmptyLun 1 Mai - 22:36

drawn by smoke.
tisha & guillaume.

T'as un mouvement de recul à la réplique de la gamine. C'pas le genre de réponse que t'avais imaginé. Tu sais que t‘es pas convaincant, mais ça te surprendra toujours. C'comme ça, tu peux rien y faire. T'auras beau t'entraîner autant que tu veux, te retrouver dans les mêmes situations encore et encore, tu réagiras toujours de la même manière. Surprise. Parce que ton uniforme, il est censé inspirer un minimum de respect malgré tout. Non ? C'est ce qu'on t'a répété à l'école de police, que ça soit en Allemagne ou ici. Qu'avec ton badge et ton flingue, tout serait beaucoup plus simple. Que le respect des autres viendrait tout seul. T'as été bien con de croire tout ça Guillaume. La vie, c'pas comme à l'école. C'pas comme à l'académie. C'est une succession de galères, de situations de merde. Comme maintenant. T'as l'air d'un con. T'es là, debout devant la gamine. Tu sais plus quoi dire. Tu sais plus quoi faire. Tu pensais qu'elle allait lâcher sa clope à ta demande. Mais qu'est-ce que t'es naïf, c'est pas possible. Tu fourres tes mains dans les poches de ton blouson. Tu grattes le sol avec ton pied. Comme si ça allait te donner un petit plus de contenance. « J’pense pas que ça soit une simple cigarette que vous avez là. » Elle peut pas te berner la gamine. L’odeur, elle t’agresse presque les narines. Bon sang, qu’est-ce que tu détestes cette merde. T’as beau y être confronté plus souvent que tu le voudrais, t’arriverais jamais à t’y faire. Toutes ces conneries, tu supportes pas. De voir les gens se détruire avec des pilules et autres substances de tout genre. Non, t’arrives vraiment pas avec ça. Alors quand tu vois une gamine aussi jeune avec une clope entre les lèvres, t’peux pas t’empêcher d’ouvrir ta gueule, même si tu sais que tu peux prendre cher. « J’veux pas vous attirer de problèmes. » T’es sincères quand tu dis ça. T’aimes pas jouer à ça. T’aimes pas le rôle du méchant flic. Tu sais très bien que tu pourrais pas faire flancher les pires raclures avec ce comportement. Tu t’autorises un sourire, mais tu sais que t’as l’air d’un con. « Si vous me donnez la clope, on en reste là. C’est mieux pour tout le monde, non ? »


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